Les donateurs
Découvrez dans cette rubrique l'histoire, parfois surprenante, des principaux donateurs de flyers ayant contribué à la collection du Professeur Mégabambou.
Nous parlons principalement ici des donateurs ayant envoyé des flyers papier par voie postale (par opposition aux donateurs qui expédient leurs contributions numérisées par e-mail). Certains ont envoyé leurs doubles, et j'en ai envoyé en échange. Mais nous parlons aussi de contributeurs qui ont fait don de leur collection magopinaciophile intégrale. Après avoir patiemment collecté des flyers de marabouts pendant des années, voire des décennies, les hasards de la vie les poussent à se séparer de la précieuse collection. Mais, de la même façon qu'on n'abandonne pas son chien au bord de la route dès qu'il devient encombrant, on ne se débarrasse pas d'une collection magopinaciophile en la jetant dans le bac de tri sélectif.
À la recherche d'une nouvelle demeure pour leurs flyers, ces donateurs se tournent alors vers la seule destination possible pour leur offrir une retraite digne : megabambou.com.
Voici, en exclusivité, l'histoire de ces donateurs d'exception...
Les donateurs sont présentés ici sous le pseudonyme qu'ils ont eux-même choisi pour figurer dans la galerie.
Pour chaque donateur ci-dessous, vous trouverez un lien vers ses flyers dans la galerie. Cependant, la quantité de flyers présents dans la galerie n'est pas le reflet de la quantité réelle de flyers papiers donnés à megabambou.com, qui est typiquement beaucoup plus importante.
gorthzzz 
En 2020, alors que le monde s'apprête à entrer dans une pandémie mondiale fulgurante, gorthzzz commence par m'appâter en m'envoyant quelques petites dizaines de flyers numérisés, par e-mail, au compte-goutte. En général, ce type d'envoi provient de donateurs occasionnels, qui transmettent au fur et à mesure les flyers qu'ils collectent : le tout-venant du quotidien, des pièces en général assez ordinaires, et par définition modernes.
Mais avec ghorthzzz, on voit bien qu'il ne s'agit pas de cela : ses pièces sont pittoresques, et anciennes. ghorthzzz est tout sauf un contributeur ordinaire, comme je vais avoir l'occasion de le vérifier quelques années plus tard...
C'est finalement en 2025 qu'il me propose une donation de sa collection physique, que je reçois après quelques semaines d'attente impatiente. Et quelle donation !
Parmi ces 543 pièces, la plupart ont des numéros de téléphone à 8 chiffres, voire 7 (et même 6 !) : elles remontent donc jusqu'aux années 1990 et 1980. Du fait même de leur ancienneté, les flyers ont toutes les caractéristiques qu'on aime chez eux : une certaine rusticité, un foisonnement dans les formats, les papiers, les couleurs... bref, on est clairement avant l'uniformisation apportée ensuite par l'informatique dans ce domaine. Cette collection a le privilège de cumuler quantité, qualité et variété.
Mais la suite va vous étonner...
Anecdote fascinante : ghorthzzz m'explique qu'une partie de cette collection provient de la Bibliothèque Nationale de France Richelieu à Paris (il y avait des doubles). En effet, certains des flyers, au recto ou au verso, portent une date tamponnée – vous voyez le genre de tampon encreur à l'ancienne, celui-là même dont on vous gratifiait au moment de l'emprunt d'un ouvrage pour vous signifier la date limite de retour (au-delà de laquelle vous deviez payer une amende de 2 francs). Or donc, dans ce cas précis, le tampon indiquerait non pas la date limite de retour, mais plutôt la date à laquelle la pièce est entrée dans les collections de la Bibliothèque Nationale de France. Car oui, c'est ce qu'avait découvert notre contributeur : il y avait, dans les années 1980, planquée dans une obscure salle de stockage, une collection de cartes de marabouts, côtoyant des affichettes politiques ou autres prospectus. Comment y étaient-ils arrivés ? Nul ne le sait. Le public pouvait-il les consulter ? Sans doute (sous réserve d'en connaître l'existence). Étaient-il référencés dans les index de l'institution ? Y a-t-il encore aujourd'hui des flyers de marabouts à la BNF ? Ces questions resteront pour l'instant sans réponse...
La beauté de tout ceci, c'est qu'on dispose là d'un petit gisement de flyers à la fois très anciens, et datés de façon très précise. Une mine !
Mais tout de même, comment ces flyers ont-ils pu arriver jusqu'à la BNF Richelieu ? Figurez-vous que le coupable pourrait bien être... François Ier ! En effet, “Le 28 décembre 1537, François Ier signe à Montpellier une ordonnance qui oblige tout imprimeur ou éditeur du royaume à présenter un exemplaire de chaque livre de sa production à la Bibliothèque du roi.” Se pourrait-il donc que les imprimeurs des flyers de marabouts envoient systématiquement un exemplaire de leurs créations à la BNF ? Car on doute fort que les marabouts eux-mêmes aient connaissance de l'Ordonnance de Montpellier du XVIe siècle, et qu'ils s'empressent d'apporter docilement chacune de leurs publicités à l'honorable institution....
D'après la BNF elle-même, l'Ordonnance a pour objectif “d'une part, de repérer les ouvrages dignes de mémoire et, d'autre part, de contrôler la diffusion d'idéologies dissidentes”. Ce qui nous amène tout naturellement à la question suivante : dans quelle catégorie entrent donc les prospectus de marabouts ? Ces “ouvrages dignes de mémoire”, ou ces pamphlets subversifs qui risquent de saper les fondements mêmes de la société ? À chacun de répondre...
Par le hasard d'une incroyable coïncidence (ou plus probablement par l'action délibérée des "cookies" de navigateur), alors que, trois jours après réception de cette superbe collection, je télécharge un gros fichier depuis le site Smash (sans aucun rapport avec le sujet qui nous occupe), l'écran entier est envahi par une publicité de... la Bibliothèque Nationale de France. Le visuel est immersif, la vidéo me plonge dans une salle baignée d'une douce pénombre, et je m'attends à voir surgir, sur les augustes pupitres derrière le verre des vitrines, au milieu des ouvrages précieux et anciens, une poignée de flyers égarés... En vain.

AR 
AR me contacte en 2024 pour me proposer sa collection complète, résultant de plus de 35 années de collecte dans “une seule boîte aux lettres dans [un] quartier Nord de Marseille”. Environ 2000 pièces, que je reçois bientôt par la poste, sous la forme de 2 grosses enveloppes cartonnées, à l'intérieur desquelles les flyers sont assemblés par paquets dans des sachets en plastique : on se croirait face à une saisie record de stupéfiants !
AR explique qu'il est originaire des pays de l'est, et fut impressionné par ce qu'il appelle “le folklore local” des cités urbaines françaises. Bien qu'habitant un quartier très populaire (le “Marseillistan”, comme le surnomment certains), AR exerce une activité lui permettant d'évoluer dans des sphères bien plus mondaines. Ce grand écart lui inspire un étrange sentiment de schizophrénie...
Avant de partir vivre une autre vie vers d'autres horizons, AR a donc pris soin de mettre sa collection en lieu sûr, chez Mégabambou.
Monsieur Marabout 
Au début des années 2010, un certain “Monsieur Marabout” tient un site web avec une belle quantité de flyers belges. Monsieur Marabout n'est pas un collectionneur comme les autres : il a en réalité méticuleusement collecté, classé et numérisé des centaines de flyers de marabouts belges, mais aussi de petites annonces. Et ça n'est pas par simple passion magopinaciophile, non : c'est parce que, en tant que policier, il traque les arnaques et les arnaqueurs ! (Car, avouons-le, il est bien possible que les marabouts fassent des promesses mirobolantes qu'ils ne sont pas en mesure de tenir, et s'enrichissent parfois grassement au détriment de personnes vulnérables et crédules.)
Malheureusement, la trace de nos premiers contacts est aujourd'hui perdue dans les tréfonds de ma messagerie, mais peu importe. Toujours est-il que M. Marabout me fait alors ce qu'il appelle “une proposition malhonnête”, qui s'avère en réalité extrêmement honnête, et même très généreuse, puisqu'il m'envoie dans la foulée l'intégralité de sa collection : 1171 annonces et 257 flyers.
Il sont merveilleusement agencés, classés, référencés. Il s'agit à ce moment de la plus conséquente donation reçue.
Et pour ceux qui se poseraient la question : non, les marabouts belges ne terminent pas toutes leurs phrases par “...une fois”. Leurs flyers sont en réalité tristement semblables aux flyers français, si ce n'est leurs numéros de téléphone à la construction typiquement locale.
Profdenis 
Profdenis, c'est le donateur historique, le premier gros contributeur en espèces. Sa collection affichait déjà près de 2000 flyers au compteur, alors que la mienne était à la même époque balbutiante, et bien plus modeste. Ma propre collection papier a donc fait un bond de géant à réception des premières enveloppes de doubles envoyées par Profdenis.
Le prénom de ce donateur, étrangement similaire au mien dans la vraie vie, pose question : "Denis" serait-il un prénom typiquement magopinaciophile ? Depuis, j'ai pu constater que, en réalité, même les magopinaciophiles les plus sérieux peuvent porter n'importe quel prénom.
Basé dans la capitale, Profdenis est mon rabatteur parisien, le fournisseur qui m'approvisionne à la source de la grande métropole, moi qui ne suis qu'un petit collectionneur de province. Paris, c'est le paradis des marabouts, où l'on vous tend un flyer à chaque bouche de métro.
Profdenis est le seul collectionneur que j'ai eu l'honneur de rencontrer IRL, sur Paris, à une terrasse de café, pour papoter magopinaciophilie.
Lorsqu'un(e) journaliste me demande des contacts de collectionneurs à interviewer, je ne manque jamais de leur suggérer Profdenis, qui se plie volontiers à l'exercice.
Sylvain R. 
Sylvain R. n'a pas fait don d'une collection complète, mais il fut un généreux donateur. Il mérite d'autant plus d'être cité que, à Noël 2009, il prit l'initiative d'un envoi postal dans un paquet-cadeau tout mignon : une très délicate attention !


Le négociateur 
Tous les donateurs ne sont pas aussi désintéressés que ceux dont nous avons parlé jusqu'ici. L'un d'eux en particulier aurait pu figurer en bonne place dans le Top 3 des contributeurs, car il me proposait (en 2022) une collection de plus de 1000 pièces remontant jusqu'aux années 1980. Alléchant ! Mais il souhaitait en réalité... vendre sa collection, et non l'offrir !
Bref, je n'avais pas affaire là à un donateur, mais bien à un vendeur de collection.
Pas de chance pour lui, car les confrères collectionneurs de flyers sont en général très généreux, et refusent même de se faire rembourser leurs frais d'expédition. Ce qui, forcément, casse un peu les prix du marché ! La beauté de la magopinaciophilie réside dans le désintéressement total de ses adeptes.
La pauvre collection se retrouva alors en vente sur Le Bon Coin pour quelques dizaines d'euros, comme une vulgaire trottinette volée, au lieu d'être mise en lumière sur le site de référence de la magopinaciophilie. Quelle tragique erreur de jugement !
Je soupçonne que cette mise en vente publique était en réalité une tactique de persuasion commerciale : la peur de voir cette collection m'échapper aurait sans doute dû m'inciter à faire une offre très rapide afin de m'en assurer l'acquisition.
A-t-elle finalement été vendue ? Pas à moi en tout cas.
J'ai dû au final me contenter d'une seule pièce numérisée, mais quelle pièce ! Un courrier dactylographié, envoyé à un destinataire inconnu, dans lequel le marabout s'excuse d'être parti en vacances et annonce son retour. Une pièce véritablement unique et fascinante.
Ma proposition à ce donateur tient toujours : à défaut de la collection papier, je veux bien recevoir les plus belles pièces numérisées ! Et si la collection a été vendue, eh bien cet appel est transférable au nouveau propriétaire...