Le bouquin magique

Nom scientifique
“LE BOUQUIN MAGIQUE POUR S'ENRICHIR SOI MÊME DU PLUS GRAND MAITRE MARABOUT DJOGBE”
Résumé-teaser-spoiler
Vous emmenez un livre de compte partout avec vous au shopping, et moyennant quelques incantations, vos courses dispendieuses vous sont remboursées le soir même.

Il est bien précisé : “pour s’enrichir soi-même”. Car évidemment, “pour s’enrichir les voisins”, ce serait moins intéressant. De fait, on note une légère redondance entre le “s’” (de “s’enrichir”) et le “soi-même”. Mais comme M. DJOGBE termine systématiquement les intitulés de ses sortilèges par “du plus grand maître marabout Djogbe”, il est vrai qu’à un moment donné, ça prête à confusion : “le bouquin magique pour s’enrichir du plus grand maître marabout Djogbe”. C’est pour s’enrichir d’un marabout ? C’est pour enrichir le marabout ? Pour plus de clarté, ajoutons “soi-même”, et le lecteur comprendra.

« Avec l’envie de vous aidez à Changer l’existence de votre vie grâce un produit de la sorcellerie indienne le Grand Maitre Féticheur DJOGBE en collaboration avec les temples Indiens, met a votre disposition le bouquain mystique et la Bague magique qui depuis la nuit des temps existait, et est capable de vous aidez a réaliser vos vœux dans le domaine financiers. »

M. DJOGBE nous parle d’un sortilège ancestral en relation avec la sagesse indienne immémoriale, et il appelle ce support un “bouquin”. Difficile de trouver une appellation plus vulgaire pour un objet aussi sacré et mystérieux.

Mais au fait, peut-on vraiment faire confiance à M. DJOGBE pour des rituels issus de la tradition indienne, lui qui se revendique de la magie africaine ? En tout cas, ils ont l’air très forts, ces indiens, puisque ce sont eux également qui ont mis au point un système de magnétisation métaphysique de la monnaie-papier aujourd’hui universellement utilisé.

« Comment ça se passe ?? Il suffit d’abord de faire la commande de ce puissant bouquin »

Avant de le commander à M. DJOGBE, on devrait peut-être vérifier s'il ne se trouve pas chez Amazon, et pour moins cher.

« et une fois que vous serez en possession de ce cahier, »

C’est finalement un cahier, même pas un bouquin. On descend encore en gamme.

« vous allez vous servir, c’est à dire porter sur vous lors de vos shopping. Une fois dans un magasin, après avoir négocier l’article a payer son prix, vous prenez votre bouquin magique et vous écrivez le somme dans le bouquin et en écrivant la somme, il y auras une formule magique que je vous donnerai et que vous allez prononcer en cœur tout en prenant le soin d’écrire la somme sans faute. »

On imagine aisément la tête de la vendeuse de chez Zara, déjà quand vous cherchez à négocier le bout de gras, et plus encore au moment où vous sortez votre bouquin-cahier (un vulgaire livre de comptes, en fait) et commencez, en transe, à réciter des invocations en langue afro-indienne.

« Une fois terminer, vous allez fermer votre bouquin et rentrer chez vous, Arriver à la maison, vous allez constater que l’argent que vous aviez donner là bas est revenu automatiquement chez vous dans un endroit que vous aviez préparer avant de sortir. »

Au final, on ne voit pas trop quel était l'intérêt de "négocier l’article" auprès de la caissière, si de toute façon la somme intégrale vous est remboursée à domicile et par magie.

« NB; Ceci demeur un sercret à garder pour toute votre vie. »

M. DJOGBE est un petit malin. Si jamais le truc ne marche pas du tout, il préfère que vous n'en parliez pas autour de vous, ou plus particulièrement au commissariat de police le plus proche. Mais comme c'est un secret, vous vous garderez bien d'en parler, n'est-ce pas ?

« Je précise bien que ce bouquin est sans aucune sacrifice et seras à vous pour toutes votre vie. »

Un bon point pour ce sortilège : il n’exige pas de sacrifier des poussins ni aucun autre innocent animal. Les divinités indiennes sont apparemment moins assoiffées de sang que les africaines…

Et puis, pas sûr qu’ils nous auraient laissé faire jusqu’au bout, chez Zara...

Et M. DJOGBE de terminer par une conclusion assez générale, pour l'édification de la populace :

« Le Maraboutage, la Géomancie et le Vaudou contiennent des pouvoirs redoutables. Nul ne peut prospérer, réussir dans cette vie sans le pouvoir des Sciences Occultes ou être assister spirituellement par les divinités. »

Avouons-le humblement : sans l'aide de M. DJOGBE, qui d'entre nous, vulgaires non-initiés, aurait eu l'idée faire appel à l'assistance spirituelle des divinités dans le but éminemment trivial de... faire du shopping ?

Notre avis
Incontournable pour les amateurs-trices de shopping.