Elisabeth II
La Reine Elisabeth II est aussi connue pour ses tenues aux couleurs vives que pour la longévité sans précédent de son règne. Ses robes et chapeaux vert pomme, fuschia, ou jaune citron, à défaut d’être du meilleur goût, sont pour la souveraine une véritable image de marque, et une source intarissable de commérages, pour la presse people et les commentateurs experts en têtes couronnées. Une question, en revanche, a toujours échappé à la sagacité des médias : pourquoi ces couleurs ? Pourquoi ne pas préférer des tonalités plus sobres et consensuelles – blanc, crème, noir, taupe, anthracite... – à l’image de son tempérament discret et équilibré, de sa sagesse bienveillante ? La réponse est tellement inconcevable qu’elle exige une clairvoyance peu commune. Saurez-vous accepter sans vaciller cette vérité stupéfiante ? Alors lisez la suite...
Quels sont les privilèges d’une reine ? Ils sont nombreux, mais le premier de tous semble évident : la reine peut tout avoir, selon son seul désir – tout, et surtout les choses les plus rares et les plus précieuses. Alors, me direz-vous, que peut-il bien y avoir de plus précieux qu’un vaste manoir de pierre multi-séculaire chargé d’histoire, qu’une couronne en métaux précieux sertie de diamants lourds en carats, qu’un empire colonial qui s’étend jusqu’aux contrées les plus reculées ?
La réponse : plus précieux et rares que tout cela, ce sont les cartes de marabouts sur papier de couleur, bien sûr ! Vous l’avez tous constaté : les publicités maraboutiques sont généralement imprimées sur du vulgaire papier machine blanc. Mais parfois, cette règle immuable est bafouée, pour une raison inconnue – probablement deux ramettes de papier coloré invendues et inutilisées que le chef d’atelier avait commandées par erreur un jour d’ébriété, et qui encombrent le local des stocks. Sans grande difficulté, le commercial de l’imprimerie refourguera ce matériau délaissé au premier marabout venu : “Je vous les fais sur papier rouge pour le même prix ! Rendez-vous compte ! Le flyer en couleurs, c’est la Rolls du flyer ! Profitez-en, et ne mettez pas deux heures pour vous décider : si ça se trouve, avant ce soir, les deux ramettes seront réservées pour un livre d’art ou une plaquette de société du CAC 40 ! Ça serait quand même trop dommage pour vous de rater cette occasion !”
Comment ne pas céder à de tels arguments ? Et hop, c’est fait, le marabout se retrouve avec 2000 flyers imprimés sur papier rouge. Alors me direz-vous, 2000 exemplaires, ça n’est pas véritablement ce qu’on appelle la rareté. Certes. Mais tout est question de proportion : seulement 2000 flyers rouges, mais sur combien de blancs – combien de millions chaque année ? Et puis, rappelez-vous également que l’immense majorité des 2000 flyers rouges finiront directement dans une poubelle sitôt distribués, avant même d’être lus. Les rescapés sont rares. Rares et chers : un luxe.
Elisabeth II sait ce qui est rare. Non contente de collectionner les flyers les plus inaccessibles, elle en a fait un concept fashion très personnel, que seuls les initiés magopinaciophiles du plus haut niveau sauront décrypter et révéler au monde.
