Les figures de style
La Galanterie Grammaticale Outrancière
Contrairement à ce que semble indiquer la croyance populaire, le marabout n'est pas un illettré. Sa littérature n'est pas complètement bourrée de fautes d'orthographe ou de grammaire.
Contrairement aussi à ce qu'on pourrait attendre de ce milieu maraboutique 100% masculin (à ce jour, les flyers de marabout au féminin restent rarissimes), le marabout n'est pas foncièrement sexiste et mysogine. Il aurait tort de l'être, alors que la clientèle féminine n'est certainement pas en reste lorsqu'il s'agit de mettre la main au portefeuille pour obtenir des prestations surnaturelles.
Bref, le marabout n'est ni sexiste, ni inculte. C'est pourquoi il prend un soin tout particulier à féminiser la moindre de ses formules.
Avec un peu d'audace, on pourrait même se risquer à dire que les marabouts furent les pionniers de l'écriture inclusive, comme nous allons le voir dans les exemples qui suivent.
"même si vous avez été déçu(e) par un autre médium."
"Vous voulez vous faire aimer? Vous serez aimé(e)." - M. CECOU
"Voir tes ennemi(e)s à genoux ?" - M. SO
"Je rends ton aimé(e), fidèle et soumis(e) à ta volonté !"
"Chéri(e) ne me quitte pas." - Prof. TAKISSA
"Envoûté(e) ? Ensorcelé(e) ?"
"il te le (ou la) fera revenir en 3 jours" - Prof. KAMA
"Si ton mari ou ta femme est parti(e) tu viens ici et tu vas le (la) voir dans la semaine."
"Si ton mari ou ta femme t'a quitté(e), tu viens ici, et il(elle) courra comme un chien derrière son maître."
"Fidélité absolue entre les époux (ses)" - M. ABDOUL
"éloignement du rival(e), fidélité du conjoint(e)"
En toute rigueur, dans le dernier exemple, il faudrait aussi préciser "du (de la)".
Évidemment, parfois, ces petites parenthèses à coller partout, ça peut devenir assez subtil à gérer, ce qui donne lieu à de petites erreurs, par exemple :
"Protection contre les ennemis(es)" - HADJI BOUBACAR
On aurait plutôt écrit "ennemi(e)s", faute de quoi on a tendance à lire "ennemises" pour le féminin. Enfin on aurait même plutôt écrit "contre les ennemis", sans se prendre la tête à différencier. Ça n'aurait sans doute pas nui à la compréhension globale.
"Il ou (elle) courra derrière vous" - Collectif de marabouts
Si on enlevait les parenthèses, il resterait : "Il ou courra derrière vous".
Il est donc clair que le "ou" devrait se trouver lui aussi à l'intérieur des parenthèses. Cette erreur est néanmoins très commune sur les flyers des marabouts.
"(ton ou ta) partenaire est parti(e) il (elle) te reviendra courra derrière toi comme un chien derrière son maître" - M. CHARLES
On a aussi le cas du marabout qui se perd tellement dans les parenthèses qu'il en oublie des morceaux en route :
"si(elle) est parti(e)" - Prof. OUSMANE
Il manque carrément le "il" !
La Galanterie Grammaticale peut se manifester de façon encore plus outrancière dans l'Analogie Canine :
"Madame, Monsieur, Mademoiselle, qui veut que son amie ou copain, copine court derrière lui comme le chien ou chienne dans les trois jours." - Collectif de marabouts
"Madame, Monsieur, Mademoiselle", "copain, copine", et pendant qu'on y est, "chien ou chienne". Y a pas de raison, même lorsqu'il s'agit de traiter les gens de vils clébards, le marabout ne se dépare pas de sa légendaire galanterie.
Enfin, on peut citer ce dernier cas :
"Retour rapide de l'être aimé(e)" - SALIF
et s'amuser de constater cette Galanterie Outrancière flagrante : un être peut être un mâle ou une femelle, mais le mot "être" est toujours du masculin. Enfin de nos jours, il est vrai qu'on n'est plus sûr de rien...